Envie d’horizon, de virages à n’en plus finir et de rencontres qui restent ? Voici notre sélection — volontairement éclectique — des 10 destinations ultimes pour un road trip à moto. De l’Atlas marocain aux fjords norvégiens, en passant par l’Himalaya indien et la Ruta 40 argentine, on vous emmène partout, avec des conseils concrets. Parce qu’un bon voyage ne tient pas qu’à l’asphalte : il dépend aussi du timing, de la météo, de la logistique et, surtout, de l’esprit d’aventure.
Préparer son road trip : les fondamentaux qui changent tout
Parce qu’un itinéraire sublime ne suffit pas, la réussite se joue aussi dans les détails. Un voyage moto se prépare minutieusement et en profondeur. D’abord, planifiez la saison : altitude, mousson, canicule, vents. Ensuite, dimensionnez les étapes : 250 à 350 km/jour, c’est souvent l’équilibre entre plaisir et fatigue. Par ailleurs, emportez l’essentiel sans excès : trousse de dépannage, filtres anti-poussière, kit de réparation tubeless, compresseur compact, sangles. Et, bien sûr, un équipement honnête : casque homologué, dorsale, gants, bottes, couches respirantes.
Côté formalités, vérifiez visas, permis internationaux, assurances. Dans certains pays, une carnet de passage en douane ou un document local peut être requis ; ailleurs, une simple assurance frontière suffit. Mieux vaut un dossier propre qu’un passage stressant à un poste isolé. Enfin, restez souple : la météo peut bouleverser un plan ; une rencontre peut enrichir un itinéraire. Laissez de la place à l’imprévu — c’est souvent là que naît le souvenir.
1) Maroc — Atlas, gorges et portes du désert
D’abord, cap sur le Maroc, terrain de jeu idéal pour alterner pistes roulantes, cols panoramiques et routes impeccables. De Marrakech, grimpez vers l’Atlas par le Tizi n’Tichka, filez aux gorges du Dadès et du Todra, puis descendez vers Merzouga pour toucher du pneu le désert. Le contraste est saisissant ; l’accueil, chaleureux ; la cuisine, inoubliable.
- Saison idéale : mars–mai et septembre–novembre.
- Niveau : accessible, avec options off-road modérées.
- À savoir : respectez les contrôles, soignez l’hydratation, prévoyez un filtre à air propre.
- Moto conseillée : trail polyvalent.
2) Himalaya (Inde) — Leh–Manali & Spiti, le toit du monde
Ensuite, changement d’échelle : Himachal Pradesh et Ladakh. La mythique Leh–Manali Highway, les cols de Khardung La ou Tanglang La, les monastères accrochés au vide : tout y est extrême, altitude comprise. Le Spiti offre moins de monde, plus de minéral, des villages tibétains hors du temps.
- Saison : mi-juin à septembre (routes ouvertes).
- Niveau : soutenu ; météo changeante, passages gravel.
- Tips : acclimatation progressive, pression des pneus ajustée, assurance frontière à jour.
- Moto : monocylindre simple à réparer, ou trail moyen cubage.
3) Népal — Boucles d’Annapurna et vallées secrètes
Le Népal séduit par ses panoramas himalayens et son tempo contemplatif. De Pokhara, tracez les boucles d’Annapurna : ponts suspendus, forêts de rhododendrons, villages de pierre. Les routes alternent bitume et pistes compactes, parfaites pour progresser en douceur.
- Saison : octobre–novembre ou mars–avril (horizon dégagé).
- Niveau : intermédiaire ; prudence avec les bus locaux.
- À ne pas manquer : lever du soleil sur le Machapuchare.
- Moto : 250–400 cm³, légère et maniable.
4) Tunisie — Sahara, chotts et ksour
Beaucoup plus près, la Tunisie offre un condensé de Sahara accessible. Depuis Douz, cap sur les chotts (Chott el-Jérid), puis vers Ksar Ghilane. Les ksour berbères ponctuent un itinéraire de dunes sages, de pistes roulantes et de villages photogéniques.
- Saison : octobre–avril (évitez la fournaise estivale).
- Niveau : variable ; sable = technique, mais contournable.
- Logistique : carburant moins rare qu’on le croit, mais anticipez.
- Moto : trail ou enduro légère si vous tentez les bacs de sable.
5) Argentine — Ruta 40 et Andes infinies
La Ruta 40 est plus qu’une route : c’est une mythologie. Du nord andin et ses couleurs lunaires (Purmamarca, Salinas Grandes) jusqu’aux lacs de Patagonie et au glacier Perito Moreno, le ruban est long, changeant, poignant. Les estancias, le Malbec, le vent de Patagonie : on roule, on respire, on s’émerveille.
- Saison : octobre–avril (printemps/été austral).
- Niveau : sur route, facile ; ripio (gravier) fréquent par tronçons.
- Papiers : douanes simples, mais assurez l’assurance frontière.
- Moto : trail 650–1000 cm³, réservoir généreux.
6) Grèce — Peloponnèse, Épire et îles sinueuses
La Grèce est un paradis de virages et de lumière. Le Péloponnèse déroule criques et montagnes, tandis que l’Épire (Zagori, gorges de Vikos) surprend par sa sauvagerie. Entre deux étapes, sautez sur une île (Naxos, Andros) pour un mélange de lacets et de tavernes.
- Saison : avril–juin, septembre–octobre.
- Niveau : facile à intermédiaire ; attention aux chèvres sur la chaussée.
- Plus : patrimoine, hospitalité, cuisine.
- Moto : toute routière agile ; pneus mixtes utiles hors bitume.
7) Norvège — Lofoten et Atlantic Road, le royaume des fjords
Au nord, la Norvège offre un ballet de fjords, de tunnels et de ponts spectaculaires (Atlantic Ocean Road). Les Lofoten mêlent pics acérés, plages blanches et villages rouges. La route n’est jamais monotone ; la météo, capricieuse ; la lumière, magique.
- Saison : juin–septembre.
- Niveau : facile ; pluie et vent à anticiper.
- Équipement : couches techniques, gants étanches, sur-gants coupe-vent.
- Moto : routière/GT ou trail confortable ; autonomie correcte.
8) États-Unis (Ouest) — Parcs, canyons et légendes
Sans surprise, l’Ouest américain reste un classique. Entre Utah, Arizona et Californie, enchaînez Zion, Bryce, Monument Valley, Grand Canyon, puis la Pacific Coast Highway. L’asphalte y est exemplaire, les panoramas énormes, la logistique simple.
- Saison : avril–juin, septembre–octobre (éviter canicules).
- Niveau : accessible ; distances longues.
- Pratique : réservations parcs en haute saison ; essence fréquente mais planifiez les zones désertiques.
- Moto : bagger, touring, ou trail à grand rayon d’action.
9) Vietnam — Boucle de Hà Giang, balcon sur les rizières
Au nord du Vietnam, la Hà Giang Loop serpente entre rizières en terrasse, karsts et villages Hmong. C’est serré, vivant, incroyablement photogénique. La conduite locale demande adaptation, mais l’expérience est totale.
- Saison : septembre–novembre ou mars–mai.
- Niveau : intermédiaire ; routes étroites, trafic hétérogène.
- Éthique : roulez prudemment, respectez les villages et achetez local.
- Moto : 125–250 cm³, légère et maniable.
10) Espagne — Andalousie & Sierra Nevada, soleil et lacets
Enfin, retour en Europe pour un terrain de jeu proche et ensoleillé : l’Andalousie. De Ronda à la Sierra de Grazalema, de la côte de Cadix aux contreforts de la Sierra Nevada, c’est un festival de lacets, de miradors, de villages blancs. Et, surtout, une gastronomie à la hauteur des kilomètres.
- Saison : mars–mai, octobre–novembre (été très chaud).
- Niveau : facile à soutenu selon la cadence.
- Conseil : sieste ou pause longue en milieu de journée ; repartez pour le golden hour.
- Moto : tout ce qui aime tourner.
Sensorialité de la route : pourquoi ces dix là ?
Parce qu’ils combinent, chacun à leur manière, trois ingrédients qui font un grand voyage : la matière de la route (virages, revêtement, rythme), la puissance du décor (montagnes, déserts, mers), et la densité humaine (hospitalité, cultures, cuisines). Le Maroc pour l’intensité et l’accès ; l’Himalaya pour le mythe ; la Grèce pour le plaisir pur ; l’Argentine pour l’immensité ; la Norvège pour la lumière ; la Tunisie pour le Sahara ; les États-Unis pour la légende ; le Népal pour la douce aventure ; le Vietnam pour la vibration ; l’Espagne pour la joie du pilotage. Autrement dit, dix façons différentes de réapprendre la liberté.
Derniers conseils — rouler beau, rouler juste
Avant de partir, révisez la mécanique (transmission, freins, pneus, liquides). Pendant, ménagez les pauses, buvez souvent, écoutez votre corps. Après, consignez vos traces, notez vos bons plans, partagez vos roadbooks : la communauté motarde vit de transmissions. Et souvenez-vous : la vitesse est une tentation ; la maîtrise, un art. La vraie victoire n’est pas de franchir vite un col, mais d’arriver ensemble, avec l’envie d’y retourner.
Alors, prêt·e à faire chanter la chaîne et crépiter la bivouac stove ? Le monde attend ; il a l’odeur du pin, du gasoil chaud, du curry, du sable et de la pluie. À moto, tout est plus vif — et plus vrai.