La prolifération des mangas nippons contribue grandement à faire connaître davantage le Japon au reste du monde. Il convient également d’ajouter aux facteurs de cette notoriété croissante, la révélation de l’art et des dessins japonais. La Grande Vague de Kanagawa est l’une des œuvres artistiques les plus célèbres au monde. Vieux de près de 200 ans, ce tableau moderne a inspiré nombre de grands artistes de tous les coins du monde. Cet article vous propose de découvrir l’histoire et la signification de cette gravure multicolore et décrit l’impact qu’elle a eu dans différents domaines.
Qu’est-ce que La Grande Vague de Kanagawa ?
Le célèbre tableau de « La Grande Vague de Kanagawa » ou plus simplement « La Vague de Kanagawa » représente une estampe sur bois réalisée dans la pure tradition de l’ukiyo-e. Il a été réalisé en 1831 et fait partie d’une série de gravures sur bois appelées les ‘’36 vues du Monde Fuji’’. L’ukiyo-e (ou monde flottant) est le nom que portaient les gravures sur les planches de bois réalisées à la période Edo.
Avec son pinceau, l’auteur dessine en premier plan une grosse vague prête à engloutir des embarcations de piroguiers dans son écrasement. C’est également au cours de cette période que se développa le japonisme. Suite à la publication de l’œuvre, plusieurs reproductions en ont été faites. Les musées et les collectionneurs se les arrachent. Néanmoins, vous pouvez aussi accrocher des tirages de l’image peinte aux murs de votre salle de séjour ou vous offrir certains produits dérivés de la célèbre estampe (housse d’oreillers, t-shirts, stickers muraux…).
Qui a peint la Grande Vague de Kanagawa ?
Avant de s’étaler longuement sur l’histoire de ce tableau contemporain et de donner un sens aux peintures qui y sont réalisées, il convient d’abord de s’intéresser à son auteur. L’estampe dite ‘’La Grande Vague de Kanagawa’’ est l’œuvre du peintre japonais Hokusai. Hokusai est né en 1760 à Edo, ville que l’on appelle aujourd’hui Tokyo. Il s’éteint à l’âge de 89 ans en l’an 1849. Il demeure, de tous les graveurs, artistes, peintres et dessinateurs de son époque, l’un des plus illustres. Au cours de sa vie, l’auteur de l’estampe de la vague a reçu plusieurs noms. Par exemple, on l’appelait aussi Utagawa Hiroshige. Mais après son décès, le prénom d’Hokusai est celui qui lui est resté.
Hokusai ne s’est mis à prendre les tableaux de sa série des 36 vues du mont Fuji qu’après qu’il ait passé les 70 ans. Il peignait alors depuis plus de soixante ans déjà, puisqu’il a commencé à peindre à l’âge de 6 ans. Ensuite, à 14 ans et à 18 ans, il prenait des leçons respectivement auprès d’un sculpteur sur bois et d’un graveur de ukiyo-e. L’auteur a même affirmé que tout ce qu’il avait réalisé auparavant ne valait pas grand-chose à côté de cette grande collection d’œuvres.
Le peintre japonais s’est beaucoup inspiré des estampes occidentales pour réaliser les siennes. Il s’inspira plus précisément des œuvres artistiques néerlandaises pour créer une variante japonaise de ces gravures. Il s’intéresse de près aux angles obliques, aux heurts entre le naturel et l’artificiel et aux contrastes du proche et du lointain. Pour son œuvre dont il est ici question, Hokusai s’est servi d’un nouveau matériau provenant de l’Occident pour obtenir le beau pigment bleu foncé que l’on aperçoit sur la toile originale et sur ses premières reproductions. Le pigment était alors appelé le ‘’bleu Prusse’’ ou ‘’bleu de Prusse’’ et fut importé d’Angleterre par la Chine.
Que signifie cette peinture ?
L’image la plus impressionnante sur cette toile est bien évidemment la grosse vague qu’Hokusai peint en premier plan. Celle-ci est sur le point de s’affaler sur les bateaux et de les engloutir, tel un énorme monstre. L’on en manquerait presque le mont Fuji situé au lointain et dont le calme tranche avec la grande agitation qui règne sur l’étendue d’eau. Néanmoins, les deux éléments principaux de la gravure n’ont pas été choisis au hasard. Ici également, Hokusai met en évidence deux contrastes de l’existence.
Le tsunami meurtrier qui s’apprête à s’abattre sur les barques symbolise la puissance incommensurable de la nature et la met aux prises avec l’impuissance et la faiblesse des hommes devant sa supériorité. Le mont Fuji en ce qui le concerne, est l’un des emblèmes du Japon. Il est majoritairement considéré comme une montagne sacrée, un véritable sanctuaire et apporte une touche de sérénité et de calme au tumulte manifeste du tableau. D’une manière générale, dans le portrait de ce paysage japonais, Hokusai souhaite représenter l’imprédictibilité de la vie.
Le contexte historique de la réalisation de la célèbre œuvre
L’estampe d’Hokusai n’a pas eu des débuts très faciles. Avant de devenir la célèbre œuvre qu’elle est aujourd’hui, La Grande Vague de Kanagawa est longtemps restée dans l’anonymat. En effet, le Japon a connu une longue période d’isolement au début du XVIIe siècle, plus précisément en 1639. Sous le règne du Shogun, le Japon vivait en autarcie et n’entretenait des relations commerciales qu’avec une poignée de pays que sont la Chine, la Corée et dans une certaine mesure, la Hollande. Tout rapprochement avec la culture occidentale était donc proscrit.
C’est pourtant dans ce climat délétère que les premières œuvres de la série des 36 vues du mont Fuji virent le jour. Les premières estampes d’Hokusai furent réalisées en 1830 et celle de la Grande Vague fut achevée en 1831. Cependant, en raison de l’embargo du Japon, elles durent rester dans l’ombre pendant près de 30 ans. Face aux pressions politiques, le Japon finit par rouvrir ses frontières. Il fallut néanmoins attendre jusqu’en 1859 pour que les premières estampes japonaises soient révélées au reste du monde. Ces œuvres xylographiques ont déclenché l’enchantement des plus grands peintres et artistes occidentaux.
Quel impact cette estampe ancienne a-t-elle eu ?
Au fil des ans, la gravure de la Vague de Kanagawa est devenue l’une des figures emblématiques du Japon. Inévitablement, sa révélation au grand public a eu un impact considérable dans plusieurs domaines, non seulement au Japon, mais dans le monde entier.
Dans le milieu artistique
Au plan interne, la publication des gravures du célèbre dessinateur Hokusai stimule d’abord une forte émulation et révèle une nouvelle manière de concevoir les estampes. Si vous voulez vous y essayer vous aussi, il faudra vous armer de sérieux et de patience, car il fallait près de 10 ans d’apprentissage et de pratiques aux graveurs de l’époque pour acquérir une bonne technique. Toutefois, aujourd’hui, les fans de la peinture japonaise disposent de plus de facilités pour réaliser de belles affiches.
En effet, Hokusai avait créé une nouvelle variante de confection des estampes en s’inspirant des œuvres occidentales qui lui sont parvenues par le biais de la Chine. Toutefois, bien qu’Hokusai ait énormément pris modèle sur les œuvres artistiques provenant de l’Occident, ses tableaux aussi ont grandement influencé les œuvres des plus grands peintres modernes et contemporains.
L’influence japonaise sur l’art occidental transparait dans plusieurs œuvres contemporaines. Par exemple, le postimpressionniste néerlandais Vincent Van Gogh ne cache pas que la toile de La Grande Vague représentait pour lui une grande source d’inspiration. Cette œuvre a également inspiré au compositeur Claude Debussy, une composition orchestrale nommée « La Mer ». De même, la toile de La Grande Vague de Kanagawa est devenue un véritable must dans les plus grands musées et pour les collectionneurs férus des beaux-arts. On retrouve des exemplaires de la célèbre estampe dans des musées ou galeries telles que :
- Le Metropolitan Museum of Art (New York) ;
- Le British Museum (Londres) ;
- Le LACMA de Los Angeles ;
- Le Jardin de Claude Monet ;
- La National Gallery of Victoria de Melbourne ;
- La Bibliothèque Nationale de France ;
- L’Art Institute of Chicago ;
- Etc.
Par ailleurs, l’on peut aussi se servir de copies de cette toile abstraite pour décorer une chambre d’enfant ou une chambre de bébé et donner plus de vie à la pièce.
Sur le plan économique
Suite à sa publication, l’estampe japonaise connut un large succès. De toutes les autres œuvres de la collection dite des ‘’trente-six vues du mont Fuji’’, la Grande Vague reste l’une des plus célèbres. La gravure originale et ses premiers imprimés ont été cédés pour plusieurs centaines de milliers d’euros. La célébrité de la Vague japonaise emporta celle du mont Fuji qui est peint à l’arrière-plan. Cette montagne qui était déjà considérée dans la culture japonaise comme un lieu sacré va également devenir un important site touristique.
Dans le milieu politique
Les gravures n’étaient pas très appréciées de la caste politique japonaise d’antan. Au pays du Soleil levant, avant de devenir ultérieurement, une forme d’art, les estampes symbolisaient surtout une forme d’expression populaire. Les politiciens et les historiens de l’art japonais n’admettaient pas vraiment que les estampes japonaises sont une forme d’art. Par conséquent, ils n’étaient pas très contents de se laisser définir par ces œuvres. Pourtant, ils ont dû s’y résoudre en raison du succès retentissant que connaissent aujourd’hui ces créations.
Comment réaliser une estampe japonaise ?
Originellement, les estampes, elles étaient réalisées à l’encre de Chine, uniquement en noir et blanc, à l’aide d’un pinceau. Plus tard, elles sont devenues polychromes comme le démontrent les œuvres d’Hokusai. Si vous désirez dessiner La Grande Vague de Kanagawa, plusieurs astuces vous sont délivrées dans les tutos dédiés à l’art et au dessin.